Deux étudiantes belges en stage au CEIEHMA

        

Le service d’orthopédagogie clinique de la faculté de psychologie et des sciences de l’éducation de l’Université de Mons collabore depuis plusieurs années avec le CEIEHMA, un centre pour enfants avec handicap mental et de l’autisme à Kinshasa en République Démocratique du Congo.

Le CEIEHMA est un centre d’évaluation et d’intervention pour enfants avec handicap mental et/ou de l’autisme. Celui-ci s’adresse non seulement aux enfants présentant un handicap mais également à leur milieu de vie dès le dépistage de la déficience. En premier lieu, ce service vise à apporter une aide éducative dès la naissance grâce à des interventions individuelles. Ensuite, l’équipe veille à adapter les interventions aux besoins de l’enfant ainsi qu’aux priorités des parents. Enfin le service apporte aux familles une assistance éducative, sociale et psychologique, afin que ces dernières soient aptes à faire face aux difficultés qu’implique le handicap. De cette manière, le centre favorise le développement optimal de l’enfant avec handicap mental dans son cadre naturel de vie.

C’est dans le cadre de ce partenariat que l’opportunité nous a été offerte d’effectuer notre stage de seconde Master en sciences psychologiques au sein de l’équipe pluridisciplinaire du CEIEHMA, de février à mai 2010.

La méthode TEACCH

Avec les enfants et adolescents présentant de l’autisme ou des troubles apparentés, nous avons travaillé en nous basant sur le programme d’enseignement américain TEACCH (Treatment and Education of Autistic and related Communication handicapped Children). La méthode TEACCH expérimente l’organisation de petites classes spéciales. Les buts de cette méthode sont doubles. D’abord, elle vise à rendre l’enfant le plus autonome possible dans son milieu de vie scolaire, familial ou de travail. Ensuite, TEACCH vise à donner à l’enfant des stratégies de communication de façon à le rendre capable de comprendre son environnement et capable de se faire comprendre par son entourage. Le programme d’enseignement couvre différents domaines d’activités entre autres: le fonctionnement autonome (les habiletés de vie courante telles que s’habiller, manger, hygiène…), la communication (les compétences telles que demander, refuser, attirer l’attention…), les comportements et habiletés professionnelles (rester assis, travailler pour une conséquence,…), les comportements et habiletés sociales (saluer les gens, aborder les gens…) et les loisirs (musique, dessin, jeux de société…). Grace à cette méthode, les enfants qui en sont capables peuvent acquérir l’apprentissage fondamental de la lecture, du calcul et de l’écriture.

La dimension culturelle

Le CEIEHMA rencontre, lors de ses interventions, des difficultés liées à la représentation sociale qu’ont les congolais des troubles du spectre autistique et du handicap mental. Les étapes d’acceptation du diagnostic ainsi que les propositions d’interventions ne sont pas des étapes faciles à franchir. En effet, en Afrique et au sein-même des différentes communautés congolaises, le handicap mental et les troubles de spectre autistique sont diversement interprétés. Ces interprétations qui sont souvent source de malentendus ne permettent pas une compréhension claire des troubles. Il est important, dans les pays du sud, d’apporter une attention particulière aux enfants présentant un retard mental et/ou de l’autisme étant donné la mystification dont ils sont souvent victimes. Ces enfants sont le plus souvent stigmatisés et marginalisés.

Le CEIEHMA, via ses actions d’information, de dépistage, de diagnostic et d’intervention, veut sensibiliser les familles à la problématique du handicap et leur proposer des stratégies adaptées aux difficultés de développement de leur enfant. Le CEIEHMA se propose d’intervenir en amont en préconisant une approche biomédicale qui prend en compte la dimension culturelle. En effet, il est nécessaire que le processus de diagnostic d’autisme ainsi que les propositions d’aide tiennent compte des aspects culturels inhérents au sujet. Cette conscientisation des parents à la nécessité d’accepter un enfant handicapé comme une personne à part entière est un défi que les intervenants du CEIEHMA tentent de relever au quotidien…

Expérience

Notre intégration dans l’équipe fut un projet réciproquement très enrichissant : elle a permis la confrontation de nos connaissances académiques aussi bien avec les connaissances et expériences des intervenants qu’avec les représentations sociales et culturelles des familles.

D’un point de vue professionnel, la mise en pratique de nos connaissances, dans un contexte socioculturel différent, nous a ouvertes à d’autres dimensions de l’étude de la personne avec handicap mental et/ou de l’autisme. Notre présence dans l’équipe du CEIEHMA a pu également apporter un regard différent sur la problématique du handicap et de sa prise en charge.

D’un point de vue personnel, cette expérience est avant tout une expérience humaine qui nous a permis de découvrir l’Autre dans sa culture et ses traditions. Au-delà des conditions de vie, certes, souvent précaires, nous retiendrons de notre expérience la convivialité, l’accueil et la chaleur humaine des congolais…

Laurie Decarpenterie et Anaïs Martin
Etudiantes à l’UMons,
Service d’orthopédagogie clinique.

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